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Photo du rédacteurMartin Ladouceur

Service de Renseignement, Espionnage Psychique et Médium

(Source Kimi)

En 1995, le gouvernement américain annonce l'arrêt d'un programme destiné à former des agents dotés de pouvoirs paranormaux. Si cela est vrai, pourquoi stopper un projet, qui pendant 20 ans, a donné des résultats probants ?


Service de Renseignement, Espionnage Psychique et Médium

Il a suffit de communiquer à Pat Price une série de coordonnées géographiques et de lui demander si elles évoquaient quelque chose pour lui. Peu après, cet ex-directeur de la police de Burbank, en Californie, rendait un rapport détaillé de cinq pages. Dans ce document, Pat Price décrivait le lieu et les bâtiments qui s'y trouvaient, opérant une sorte de visite guidée de chaque immeuble. Il donna des détails sur le mobilier de chaque pièce et précisa jusqu'aux noms figurant sur les bureaux. A la fin de son rapport, Price mentionnait des informations incongrues, des noms tels que « Cue ball », « Eight ball » ou « Side Pocket ». Il s'agissait en fait des noms de code de dossiers se trouvant dans une armoire fermée à clef à l'intérieur d'une des pièces.


Espionnage psychique et médium

Sans le savoir, Price venait de décrire un centre de communication top-secret de la National Security Agency (NSA) situé à 210 km de Washington. Jamais il n'était allé dans cet endroit et il avait rédigé son rapport à l'autre bout du continent, en Californie, au Stanford Research Institute (SRI). Les commanditaires de ce rapport furent estomaqués par la précision de ces informations... Dès que les responsables de la NSA eurent connaissance du texte, ils lancèrent très vite une enquête approfondie sur la sécurité du centre...Durant les deux années qui suivirent, et jusqu'à sa mort en 1975, Pat Price s'est ainsi trouvé au cœur de l'un des plus extraordinaires projets militaires de notre temps : le projet « Scanate ». Ce projet comportait toute une série d'essais pilotes financés par la CIA et destinés à tester la perception extra-sensorielle (PES) comme outil de renseignement. En cas de succès, on aurait vu déferler sur le monde un nouveau type d'agent spécial : l'espion psychique.Légende ou vérité, l'utilisation de procédés parapsychiques aux fins d'espionnage a ses lettres de noblesse dans l'Histoire.


Ainsi, l'Ancien Testament rapporte qu'Elisée utilisa ses pouvoirs prophétiques afin de sauver Israël d'une défaite militaire. En France, les « visions » de Jeanne d'Arc eurent un effet équivalent pendant les guerres contre l'Angleterre. Plus récemment, lors de Première Guerre mondiale, l'armée tchèque fit appel, avec succès, à des radiesthésistes pour déceler la présence de mines terrestres, exemple renouvelé par l'armée américaine au Viêt-nam.


Les nazis

La Seconde Guerre mondiale fut un large théâtre d'expérimentations de moyens paranormaux. Dès 1941, le conseiller parapsychique de Staline, Wolf Messing, avait prédit la mort d'Hitler et la défaite de l'Allemagne (informé, Hitler allait mettre à prix la tête de Messing). A Berlin, où le haut-commandement nazi semblait obsédé par l'astrologie et les phénomènes paranormaux, un Institut du Pendule fut instauré pour contribuer à la détection des navires alliés.Lorsque cette information parvint à Londres, un jeune officier de marine chargé des renseignements du nom de Ian Fleming – le futur auteur de James Bond – organisa une fuite selon laquelle la Grande-Bretagne obtenait de meilleurs résultats avec ses propres équipes de radiesthésistes. Les Allemands furent d'autant plus ébranlés par cette nouvelle qu'ils perdaient effectivement de U-Boote engagés dans la guerre sous-marine de l'époque.


C'est toutefois pendant la Guerre Froide que l'espionnage psychique allait prendre son essor. Des milliers et parfois des millions de dollars furent, de part et d'autre du rideau de fer, consacrés aux programmes parapsychiques. S'il est difficile de distinguer la réalité de la fiction au cours de cette période, il ne fait cependant aucun doute que les pays du bloc communiste avaient en la matière plusieurs longueurs d'avance sur l'Occident.


Expériences mortelles

Ces recherches aboutirent quelquefois à de surprenants résultats tels que l'obtention d'un arrêt cardiaque chez les grenouilles par la simple force de la pensée. Cette spécialité fut celle d'un sujet psi de Saint-Pétersbourg, Nina Kulagina. Selon le docteur Milan Rysl, biochimiste tchèque passé à l'Ouest en 1967 après avoir visité plusieurs laboratoires parapsychiques soviétiques, le but ultime de ces travaux était le contrôle de la pensée. Le docteur Nikolai Khokhlov, un agent spécial du KGB également passé à l'Ouest en 1954, a rapporté des éléments encore plus alarmants. Le KGB explorait la voie des « armes psychotroniques », c'est-à-dire la destruction de missiles, l'aveuglement de systèmes radar ou bien le dérèglement de circuits informatiques par la seule puissance psychique du sujet.Le Dr Khokhlov affirma qu'il avait réussi, au cours d'une expérience, à fracturer la colonne vertébrale d'un sujet par cette énergie psychotronique.


Les Etats-Unis n'étaient pas non plus en reste dans le domaine des recherches parapsychiques. En 1971, au cours de la mission Apollo XIV, l'astronaute Edgar Mitchell procéda à une tentative de PES depuis l'espace, cherchant sans succès à établir un contact télépathique avec un confrère basé à terre. Intéressée, la NASA lança l'année suivante l'étude d'une machine destinée à aider les astronautes à communiquer entre eux par ce biais. Ce projet ne donna pas de résultats, mais les scientifiques qui avaient été recrutés pour l'occasion – deux physiciens quantiques spécialisés dans les lasers et les micro-ondes, Harold Puthof et Russel Targ du SRI - purent néanmoins poursuivre leurs recherches grâce au financement de la NASA. A l'époque, 70 % du budget du SRI (90 millions de dollars) provenait ainsi de divers contrats gouvernementaux.


En 1972, Targ et Puthof furent contactés par Ingo Swann, un sujet psi new-yorkais et peintre à ses heures. Swann faisait à cette date partie d'une équipe de recherches au sein de l'Association américaine de recherches psychiques (ASPR) et étudiait la visualisation à distance. Targ et Puthof comprirent rapidement le potentiel d'une telle technique et constituèrent alors une véritable équipe de « super-psis », dirigée par Swann et Pat Price.D'après leurs propres dires, les expériences de Targ et Puthof connurent un vif succès et ils furent très vite sollicités par divers organismes de renseignements. En octobre 1972, une réunion secrète s'organisa entre Puthof et un « scientifique » anonyme. Selon Ingo Swann, il en résulta une subvention de 50 000 dollars afin de « trouver un phénomène reproductible pouvant avoir des applications dans le domaine du Renseignement ».


Financement ultra-secret

Ce nouveau sponsor n'a jamais été connu que sous le nom de « East Coast Challenger », mais tout le monde savait qu'il s'agissait en fait de la CIA. L'agence venait de donner huit mois au SRI pour concevoir une méthode d'espionnage psychique. Tar et Puthof s'attelèrent au projet « Scanate ».En juillet 1973, après des mois d'expériences et d'essais, le SRI réussit finalement à trouver le « phénomène reproductible » capable de satisfaire la CIA. Puthof rencontra donc à nouveau le « East Coast Challenger » pour lui présenter le résultat de ses recherches. La semaine suivante, Ingo Swann recevait d'un service de renseignements une première série de coordonnées géographiques. Le programme d'espionnage psychique avait débuté.


On commence à nier

Les partisans de la visualisation à distance eurent dès lors moins de mal à convaincre les gestionnaires du Pentagone, restés sceptiques quant au potentiel militaire de cette méthode. Peu à peu, à mesure que les bons résultats affluaient, le voile du secret recouvrit toute l'opération. Puis, en 1975, avec la mort de Pat Price, on annonça que le programme d'espionnage psychique avait pris fin.Ce fut du moins la version officielle. En effet, une enquête datant de 1978 fit apparaître que cinq des quatorze « laboratoires parapsychiques » implantés aux Etats-Unis avaient été récemment contactés par le gouvernement. Et, en janvier 1980, lors de l'affaire des otages américains en Iran, le gouvernement demanda à nouveau, ouvertement, l'aide du SRI.Malgré leurs dénégations, il apparaît que les services publics américains ont continué à financer la recherche parapsychique.


En 1977, une nouvelle opération appelée projet « Grillflame » a permis aux bureaux militaires de renseignements de constituer leurs propres équipes d'espions psychiques. Une station de visualisation à distance fut notamment installée à Fort Meade, dans le Maryland, et l'on y réunit des agents du Commandement Militaire des Renseignements et de la Sécurité (INSCOM), tous formés à l'espionnage psychique.


Opération Stargate

« Grillflame » prit officiellement fin en 1983, mais ses activités se sont poursuivies de façon secrète. Le budget spécifique du projet a simplement été transféré au budget « général » du Pentagone. Le nom de code de l'opération a également été plusieurs fois modifié, devenant « Centerlane » puis « Sunstreack » et enfin « Stargate ». Si le projet a finalement été repris par la Defense Intelligence Agency (DIA), ses objectifs sont restés les mêmes. Les autorités fédérales étaient visiblement satisfaites des résultats obtenus. Le major-général Edmund Thompson, à l'époque chef d'état-major adjoint de l'armée américaine chargé du Renseignement, a indiqué à quel point il était convaincu que la visualisation à distance constituait une réalité :

« L'explication du phénomène nous intéresse moins que le fait de savoir si oui ou non il pouvait présenter un intérêt pratique ».Bien que les détails restent classés ultra-secrets, on sait que les espions psychiques du programme « Grillflame » furent envoyés en service actif dans différentes régions du globe.


La liste des opérations réussies par ces agents inclut la recherche de tunnels secrets entre la Corée du Nord et la Corée du Sud, la localisation d'un bombardier soviétique abîmé en Afrique, des données relatives à l'assassinat du président sud-coréen Park ou sur les essais nucléaires en Chine, des descriptions détaillées de camps d'entraînement utilisés par les terroristes du Hezbollah au Moyen-Orient ou encore des avis sur le lieu exact où se trouvait le général Mu’ammar Kadhafi, chef de l'Etat libyen, lors des frappes aériennes américaines sur Tripoli. Ces résultats justifiaient-ils les investissements consentis ?


Alertée par la presse sur ce thème, l'opinion publique américaine se montra sceptique en matière d'espionnage psychique et un examen des programmes les plus douteux du Pentagone fut demandé. Les conclusions de l'enquête sur les activités de Fort Meade n'ont pas été divulguées, mais il en résulta l'arrêt effectif du projet « Stargate » en 1986. Arrêté vraiment ? En 1995, on annonça officiellement que Fort Meade allait être fermé, chose curieuse pour un établissement censé avoir cessé toute activité neuf ans auparavant.En fait, les militaires s'intéressent toujours au parapsychisme : après la fermeture « officielle » de Fort Meade, un de ses élèves-vedettes, le commandant Ed Dames, a crée une entreprise privée du nom de Psi-Tech, spécialisée dans la collecte de données par des moyens psychiques. Ed Dames revendiquait une confortable clientèle, incluant plusieurs démembrements du gouvernement américain. Psi-Tech a fermé ses portes et Ed Dames enseigne désormais la visualisation à distance en Californie. Il a notamment été sollicité pour retrouver l'arme du meurtre dans la sinistre affaire O.J. Simpson.


Qui dit vrai ?

Le financement public de tels programmes parapsychiques est-il toujours en cours ? Les points de vue se contredisent. Pour Joseph McMoneagle, premier officier du Renseignement militaire à avoir été formé dans le cadre de « Grillflame », la réponse est non : « Moi-même doté de pouvoirs psi et en tant que membre du programme, je peux vous dire que “ Grillflame ” est


définitivement stoppé et ne sera certainement pas remis en route. Le gouvernement fédéral n'a jamais utilisé sous contrat des sujets psi et ne le fera jamais parce que ces agents sont en fait incontrôlables. C'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles un projet spécifique avait été lancé initialement. » Stanfield Turner, ancien directeur de la CIA, interrogé en 1995 sur l'utilisation d'agents psychiques par le gouvernement, déclara : « Aucun responsable du Renseignement ne voudra tourner le dos à ce qui pourrait s'avérer être une source précieuse d'informations. »

 


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